Espaces publics du bourg et des abords de l’église | Laramière
La désimperméabilisation des espaces publics de la commune de Laramière participe à une approche innovante de la gestion de l'eau, où l'économie de moyen contribue à une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux globaux tout en améliorant la qualité d'usage.
Motivations du projet
Le projet consiste en la désimperméabilisation d’espaces publics dans la commune. Au-delà de la gestion intégrée des eaux pluviales, le sujet de la qualité de l’eau est important dans les milieux ruraux, notamment en raison des pollutions générées par l’activité agricole.
En amont de ce projet, le CAUE du Lot a réalisé un travail de contextualisation du projet à l’échelle du territoire.
La question de l’eau dans ce projet est sous-jacente, abordée par le « ménagement » et une approche de frugalité. Ces approches sont présentées par le paysagiste, concepteur du projet, comme innovantes. En effet, elles viennent en contraste avec une approche « d’aménagement » par l’humain pour l’humain, sans prise en compte du vivant et des enjeux globaux concernant la ressource en eau (cités par l’agence de l’eau Adour-Garonne en introduction du webinaire Perméabiliser les espaces publics des petites villes organisé le 6 octobre 2025).
Cette méthode a nécessité des discussions avec les élus et les citoyens pour en faire un travail en collectif, en opposition à un travail individuel de concepteur.
Résultats
Désimperméabilisation
50% de la surface du projet a été désimperméabilisée (bicouche dégradé) au profit de la pleine terre. La route a été redessinée pour faire place à de la pleine terre. Elle donne place à un chemin pour un usage collectif. Le parti-pris a été de ne pas dessiner de places de parking publiques ni de trottoirs matérialisés au sol.
Les abords des maisons sont des espaces enherbés en mélange terre-pierre permettent d’accueillir le stationnement occasionnel. Ce sont les coudercs et patus (espaces enherbés à usage collectif) qui ont inspirés cette conception de l’espace partagé ainsi que des photographies anciennes du village (espace enherbé, arboré avec au sol du calcaire, de la terre, etc.) et les chemins champêtres existants.
Un petit jardin remplace un ancien parking. Il a été conçu avant tout pour accueillir le vivant.
Des arbres ont été plantés dont des chênes, tilleuls et érables.
Revêtements de sol & bordures
Voici les différents revêtements utilisés sur le projet :
- sable calcaire
- béton calcaire
- pavage avec joint enherbé
- caniveau en pierre
- bordure en métal arasée
- mélange terre-pierre (pour les stationnements)
Gestion de l'eau
Le bassin versant global a été pris en compte dans la méthodologie. La gestion de l’eau intègre la multifonctionnalité du sol. La logique du bassin versant a été déclinée pour penser localement la gestion de l’eau. Cette approche a nécessité de dépasser les périmètres de la propriété foncière.
Le réseau pluvial existant a été réduit. Le petit réseau pluvial est infiltré par des puisards vers une prairie privée (appartenant à un agriculteur). Le réseau EP s’infiltre directement dans les parcelles agricoles.
La désimperméabilisation de la moitié de la surface a permis de ralentir le ruissellement lié notamment à des orages. Ces derniers, plus violents qu'auparavant, occasionnaient des inondations d’habitations qui ont pu être résolues avec ce système d’infiltration.
Une citerne, présente dans l’ancienne cours de l’école, a été réutilisée pour le stockage d’eau pour la gestion et l’entretien des espaces publics et notamment du petit jardin. Un arrosage au goutte-à-goutte a été mis en place pour la reprise des végétaux dans le petit jardin.
Freins levés
Réduction des espaces imperméabilisés
Le paysagiste concepteur a souvent constaté dans le cadre de ses projets que la végétalisation du paysage qui accompagne la désimperméabilisation fait peur aux habitants. Le végétal soulève la question de l’entretien et amène un nouvel usage par rapport à l'existant bien connu. Le projet de désimperméabilisation de ces espaces publics n’était donc pas gagné d’avance et a été expliqué, ainsi que ses conséquences en termes d’usages, d’entretien, etc.
Méthode
Les dessins du concepteur ont permis de montrer les transformations et ont été les supports du dialogue avec les citoyens (partis-pris, nouveaux usages...). Les freins ont été levés en débloquant les craintes. Les habitants ont été impliqués dans le projet, au-delà des seuls élus et techniciens, pour transformer leur regard sur l’eau et penser « l’habiter » avec le vivant. Une approche technique aurait déshumanisé le projet par rapport à son paysage et à ses ressources.
Du sens a été donné aux aménagements par rapport au contexte rural, aux besoins de faire de la place au vivant et à la biodiversité. L’eau est une ressource aussi accessible à la biodiversité.
Risque d’atteinte aux fondations des maisons
Lorsque les maisons ne sont pas très fondées, il faut trouver les solutions adéquates suivant les contextes (études de qualité des sols et des fondations) et, parfois, faire évoluer la réglementation quand elle est trop limitante. A Laramière, le sol poreux a été écarté le risque. Il a été nécessaire de rassurer sur les fissures et sur le chantier qui a fait peur aux citoyens.
Cette fiche a été réalisée suite à la présentation du projet par Guillaume LAIZÉ, paysagiste concepteur du projet, lors du webinaire PBDOC du 6 octobre 2025 sur le thème de l’eau dans l’aménagement.
En bref
Usages : espaces publics
Localisation : rue principale, 46260 Laramière
Les acteurs
Chiffres clés
Calendrier
- Etudes : 2020
- Livraison : 2023
Superficie
- Surface totale : environ 6500 m²
- Surface végétalisée : environ 3300 m²
- 16 arbres, environ 150m² arbustes et vivaces
- environ 2100 m² pleine terre
- environ 1200 m² mélange terre pierre
- Surfaces de voirie désimperméabilisée : environ 1 900 m²
Coûts
- Total : 397 k€ HT (tous lots confondus, prestations supplémentaires éventuelles et honoraires inclus), environ 62 €/m²
- VRD : 231,6 k€ HT
- Maçonnerie : 58 k€ HT
- Serrurerie : 25,5 k€ HT
- Aménagement paysager : 44 k€ HT
Aides financières
- Total : 300 k€
- Etat - DETR (Dotation d’équipement des territoires ruraux) : 98,5 k€
- Région Occitanie : 40,2 k€
- Département du Lot - FAST (Fonds d'aide pour les solidarités territoriales) : 56,1 k€
- Agende de l'eau Adour-Garonne : 62,2 k€
- Ouest Aveyron Communauté : 40,9 k€
Fiche projet financée avec le concours de :
