« Photovoltaïque patriotique ». Glissé lors d’un débat sur l’industrie photovoltaïque, organisé mardi 9 octobre par Enerpresse, l’aphorisme de Thierry Lepercq, fondateur et président de la société Solairedirect, sonne comme un slogan politique.
Pour le développeur de projets photovoltaïques, l’électricité solaire a tout pour plaire. Selon lui, elle serait nettement profitable aux Français, à qui sont imposés des EPR et des éoliennes offshore qui, d’un point de vue financier, sont des « coups de poignard dans le dos » des contribuables. « L’éolien offshore revient à 200 euros du MWh quand le photovoltaïque se situe déjà à 100 euros/MWh et n’aura pas de mal à passer rapidement en dessous des 70 euros / MWh », précise Thierry Lepercq.
L’ancien élève d’HEC voit également dans le photovoltaïque la possibilité de créer des emplois en France et à l’international.
Toitures photovoltaïques pré-intégrées partout en France
Si Thierry Lepercq, fort de son expérience (Solairedirect a installé des panneaux sur plus de 2500 maisons individuelles), juge l’intégration au bâti existant trop onéreuse pour s’affirmer comme une voie d’avenir, il considère par contre que la construction neuve constituera un axe majeur de développement de la filière. « Sur l’existant, avant de poser des panneaux, il faut défaire la toiture et éventuellement renforcer la structure. Cela revient deux fois plus cher que d’installer des panneaux au sol », constate le président de Solairedirect. En revanche, il prévoit l’émergence de solutions industrialisées de toitures intégrant, en amont, du photovoltaïque.
« Demain, les normes de construction devront obligatoirement imposer la présence de photovoltaïque sur tous les bâtiments neufs », juge Thierry Lepercq. Rappelant que la Flandre belge est la région européenne présentant la densité de panneaux photovoltaïques la plus élevée, l’émergence de « toits bleus » partout en France est pour lui inévitable.
Ces futurs systèmes préfabriqués pourraient sortir d’usines françaises. Il reste à savoir si les panneaux qui y seront intégrés ont une chance d’être « Made in France ».
Lancement d’une chaîne de production de panneaux « Made in France »
Les récentes déconvenues financières du pionnier français de l’industrie solaire Photowatt, fabricant de panneaux depuis 1979, pourraient laisser penser que face aux mastodontes asiatiques, les entreprises européennes ne pourront plus être compétitives. Pourtant, peut-être rassurés par la préparation de mesures protectionnistes (taxation aux frontières des produits chinois), certains veulent encore y croire.
Installé à Averton et Villaines-la-Juhel, devenu un des leaders européens du pressage de CD après avoir accompagné l’émergence du disque vinyle, Moulages Plastiques de l’Ouest (MPO) se tourne désormais vers le photovoltaïque. Signe de l’engagement de l’entreprise mayennaise sur ce marché, Loic de Poix, PDG de MPO est depuis un an président de l’Association de l’industrie photovoltaïque française. Il prépare le lancement d’une première ligne de production de cellules photovoltaïques sur son site d’Averton.
Ingénierie française pour briller à l’international
Les panneaux français nourriront le marché local, mais auront sans doute du mal à être compétitifs au-delà de nos frontières. Thierry Lepercq considère que pour remporter des contrats à l’international, la France doit miser sur son ingénierie. « Sur la mécanique, les Allemands et les Japonais sont meilleurs, mais sur l’ingénierie nous sommes imbattables », explique-t-il. Citant les succès de l’entreprise française Energy pool, spécialisée dans l’ajustement entre production et consommation d’électrons, il insiste sur le fait que la gestion des flux et de l’intermittence de la production d’électricité solaire est un marché que la France se doit de conquérir. Affaire à suivre.
