Retour d’expérience : les bâtiments du premier écoquartier de France (Grenoble) n’atteignent aucun de leurs objectifs énergétiques

Source : AULH 26/10/2011

Les huit bâtiments (439 logements) de la ZAC de Bonne à Grenoble, 1er écoquartier construit en 2003, n’atteignent « aucun de leurs objectifs énergétiques », affirme Emmanuel Goy, délégué adjoint Énergie d’Amorce. Il s’appuie sur une étude du bureau d’études Enertech, spécialisé dans l’optimisation énergétique du bâtiment, réalisée par Olivier Sidler, l’un des cofondateurs de Négawatt.

Bilan en termes d’objectifs et consommations réelles

Chauffage

  • objectif : 42,5 kWh/m²/an
  • résultat : entre 44 et 73,4 kWh/m²/an

Eau chaude sanitaire

  • objectif : 17 kWh/m²/an
  • résultat : entre 19 et 40 kWh/m²/an

Services généraux-sous-station, ventilation, ascenseur, éclairage y compris des parkings

  • objectif de 10 kWh/m²/an
  • résultat : entre 11,6 à 26,2 kWh/an/m²

A noter que les besoins en chauffage sont 33 % inférieurs aux simulations (ce qui implique que l’on ne peut pas attribuer ces résultats aux conditions climatiques dans lesquelles ont été conçus les objectifs de départ).

Les causes

Les comportements des utilisateurs

  • La notion de confort : personne ne se chauffe à 19°. En hiver, la température moyenne mesurée dans les logements varie de 19,8 à 22,2 °C.
  • « En offrant aux usagers un thermostat par pièce principale sans accepter de brider ce thermostat, on s’expose à des comportements irrationnels comme le non respect des températures réglementaires (surchauffes) compensé par l’ouverture des fenêtres », écrit Olivier Sidler
  • L’étude révèle que l’orientation des logements n’apporte pas de différences significatives

Des erreurs de conception

  • Les déperditions augmentent de 50 % du fait d’un problème des accrochages de bardage pour l’isolation
  • Le surdimensionnement des installations d’eau chaude sanitaire
  • Alors qu’elle est plutôt bien calorifugée (30 à 40 millimètres d’isolant), la distribution d’eau chaude a un rendement catastrophique
  • Mauvaise réalisation de l’étanchéité à l’air
  • Absence de réglage des temporisations des détecteurs de présence

Les pistes de progrès d’O. Sidler

  • Les maîtres d’ouvrages devraient confier des missions de suivi de chantier au bureau d’études techniques
  • Une formation en profondeur des entreprises est nécessaire pour améliorer la mise en oeuvre, mais surtout le réglage et la mise au point des installations, le tout sous l’angle de l’efficacité énergétique
  • Importance d’une évolution de la compétence des bureaux d’études techniques qui n’ont pas encore toujours perçu l’importance des changements techniques à mettre en œuvre, et qui doivent retourner sur les chantiers faire de véritables suivis pour ceux qui ont la mission

Dernier point : il paraît impossible de prévoir une consommation d’énergie dans un bâtiment, car trop de paramètres non maîtrisables entrent en jeu : la météo, les débits d’air, la qualité de la perméabilité à l’air des parois, la nature des équipements électriques ou le comportement de l’usager