Formation des professionnels du bâtiment : lancement d’un projet ambitieux

Source : Le Moniteur 03/10/2012

Financée par la Commission européenne, l’initiative « Build Up Skills » vise à organiser la montée en compétences des professionnels du bâtiment sur la rénovation énergétique. Pierre angulaire du projet, la plateforme française de concertation réunissant tous les acteurs concernés a été lancée le 2 octobre.

Sous le nom de « Build Up Skills » se cache un projet ambitieux européen, celui d’améliorer les compétences des professionnels du bâtiment dans le domaine de la rénovation énergétique et ce, dans chaque Etat Membre. Il s’inscrit dans le programme Energie intelligente – Europe (IEE) qui soutient des initiatives concrètes en vue d’atteindre les objectifs que s’est fixé l’UE en matière énergétique (les 3x20), à l’horizon 2020.

Tout est parti de l’appel à projet européen lancé en juin 2011. En mars 2012, un dossier est déposé par un consortium composé de l’Ademe, l’Alliance Villes Emploi (1), le CSTB et l’Afpa qui voient dans ce projet un prolongement des initiatives existantes en France. Si sa mise en œuvre est effective depuis le 31 mai dernier, le projet « BUS » ne prend son véritable envol que le 2 octobre, date à laquelle se sont réunies toutes les parties prenantes (organisations professionnelles du bâtiment, ministères, Association des régions de France, Pôle Emploi, maîtrise d’œuvre…) pour lancer la plateforme de concertation. Au cœur du dispositif, cette dernière se déclinera en groupes de travail sur des thématiques, tant au niveau national que régional.

L’objectif : faire un état des lieux de l’existant et organiser une vaste concertation avec tous les acteurs concernés en matière d’économies d’énergie et de développement des énergies renouvelables pour élaborer une feuille de route qui planifiera et programmera les actions nécessaires de formation jusqu’en 2020 ; feuille de route qui devrait être présentée en novembre 2013 à Batimat. Ce qui pourrait déboucher sur l’attribution de financements européens pour la mise en œuvre de ce programme, lors d’un second appel à projet.

Des freins à lever

Présent lors cette réunion de lancement, Jérôme Gatier, Directeur du comité stratégique du Plan Bâtiment auprès de Philippe Pelletier a appelé de ses vœux cette initiative. Il en a profité pour préciser que les travaux à venir devront s’appuyer sur ce qui a déjà été produit au niveau du Plan Bâtiment et a reconnu que beaucoup de choses restaient à faire. « Il faut que les entreprises acquièrent une connaissance sur le bâtiment dans sa globalité et pas uniquement sur leur cœur de métier, elles doivent comprendre l’influence de leur travail sur le travail des autres. Il faut amener la compétence des artisans sur le rôle de maître d’œuvre dans les petits chantiers pour qu’ils puissent devenir eux-mêmes les ambassadeurs de la rénovation énergétique ».

Reste que beaucoup de freins doivent encore être levés : comment amener les artisans vers la formation ? Qui formera les formateurs et qui va reconnaître la pertinence des formations délivrées ? Qui financera et quelle offre proposer (l’offre existante aujourd’hui est insuffisante et devra encore évoluer) ?... Autant de questions qui seront soulevées à travers le projet BUS et qui devront trouver des réponses.

Mais il faut faire vite. « Retrouver une dynamique est une des priorités », souligne Alain Maugard, Président de Qualibat, également Président du programme RAGE (Règles de l’Art Grenelle Environnement), qui relève une problématique : « Il s’agit d’une formation de masse, vers laquelle il va falloir amener 80% des entreprises, on n’en a pas pris conscience », tout en insistant sur l’indispensable montée en qualité et en quantité des formations. « Du programme RAGE sortiront les référentiels de formation et les manuels d’enseignement. Il faudra donc perdre le moins de temps possible entre la publication et la formation délivrée, tout comme il faudra mettre les formateurs (Education nationale, formation professionnelle) à niveau.

Recueil des bonnes pratiques

Pour lever les verrous à la formation, les bonnes pratiques sont les bienvenues dans le cadre du projet « Build Up Skills » qui feront l’objet d’un document. En attendant, certaines ont émergé, parmi lesquelles le conditionnement des aides de l’Etat aux artisans porteurs de signe de qualité, utiliser les fournisseurs comme un levier pour amener les professionnels aux formations, réaliser des formations sur chantier ou mettre en place des plateformes pédagogiques. Relier l’atteinte de qualité des travaux au paiement peut également s’avérer être une piste. Mais les réflexions n’en sont qu’à leur début...

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