C’est désormais de notoriété publique : l’eau chaude sanitaire (ECS) est appelée à devenir le premier poste de consommation des ménages vivant dans des bâtiments énergétiquement performants. Au sein des bâtiments basse consommation, le ratio de consommation dédié à la production d’ECS doit se limiter à environ 20 kWh/m².an (ce qui laisse 30 kWh/m².an aux quatre autres usages réglementaires). Encore faut-il que les technologies disponibles ou à venir soient en mesure de répondre à cette exigence. C’est ce qui a conduit l’ADEME à favoriser la R&D sur la production d’ECS performante, en lançant en 2010 l’appel à projets « Pacte ECS » (pour Programme d’actions concertées en technologies de l’énergie sur l’eau chaude sanitaire).
Cinq consortiums ont répondu présent et ont été retenus dans le cadre de cet appel à projets. Des représentants de deux d’entre eux ont eu le loisir de faire un bilan d’étape à l’occasion des Journées Efficience énergétique du bâtiment (EEB), organisées par le bureau d’études Cardonnel Ingénierie.
« 85% de l’énergie part à l’égout »
A commencer par celui dans lequel le bureau d’études Cardonnel est partie prenante, piloté par GDF Suez. Baptisé SCE (Synergie Confort Energie), ce programme de R&D privilégie le développement de systèmes de production d’ECS autour des pompes à chaleur gaz à absorption. Entrant dans sa troisième phase, le projet a permis de dégager un certain nombre d’écueils inhérents aux systèmes collectifs de production d’ECS : « Les pertes sur les réseaux de distribution peuvent aller jusqu’à 50 %, indique pour commencer Sébastien Prévot, responsable R&D au sein de Cardonnel Ingénierie, pointant la nécessité de limiter ces pertes en diminuant la longueur de ces réseaux. Et d’ajouter que « jusqu’à 85 % de l’énergie de l’ECS part directement à l’égout. Il est donc primordial de travailler sur la récupération d’énergie. ». Fait notable, qui distingue le projet SCE des quatre autres : il est le seul ayant intégré une recherche à dimension sociologique sur l’usage de l’ECS, comme demandé dans le cahier des charges du Pacte. Ce que regrette sans fards Johann Ransquin, chef adjoint du service « bâtiment » de l’Ademe : « Force est de constater que c’est un échec. Le monde des sciences humaines n’a semble-t-il pas forcément l’habitude de travailler avec le monde de la technique. » Pour pallier ce manque, l’Ademe a donc préparé un appel à projets ad hoc, qui viendra en complément des cinq projets du Pacte.
Chauffe-eau solaire collectif…individualisé
Le second projet mis à l’honneur à l’occasion des journées EEB est celui piloté par le bureau d’études Tecsol. Intitulé Scheff (Solaire collectif haute efficacité), il développe le concept du chauffe-eau solaire collectif individualisé : à une centrale de capteurs solaires collective sont associés des réservoirs de stockage individuels logés dans chaque habitation d’un bâtiment collectif. Faisant l’objet d’une expérimentation sur un bâtiment de cinquante logements à Perpignan, le concept d’installation solaire dite en « configuration parapluie » semble tenir ses promesses : « Après un an de collecte de données, les résultats sont très positifs, puisque le taux de couverture solaire est supérieur à 50%. »