Construction durable : les difficultés rencontrées par la certification américaine Leed en France (Alfonso Ponce, Deloitte)

Source : AULH 21/03/2012

La certification américaine Leed, développée en 1994 par l’U.S GBC (Green building council), connaîtra certainement des difficultés à pénétrer le secteur du logement en dehors des États-Unis. L’intérêt pour Leed des divers acteurs y est difficilement palpable, contrairement au secteur tertiaire qui est lui rompu aux méthodes constructives internationales. Certaines barrières techniques et réglementaires ont en outre été identifiées par Deloitte.

Conception du bâti, son emplacement, aménagement écologique du site, gestion de l’eau, utilisation des énergies renouvelables, qualité de l’air intérieur, sensibilisation et formation des occupants… Ce sont les catégories d’évaluation de performance globale d’une habitation pour obtenir la certification américaine Leed (Leadership in energy and environmental design) pour le logement, « Leed Homes ». « Leed Homes » est en phase pilote pour les projets se situant en dehors des États-Unis explique Alfonso Ponce, manager au cabinet de conseil Deloitte real estate advisory qui propose un service d’accompagnement des structures souhaitant accéder à la certification Leed en France.

Pour conquérir le marché du logement et faire bénéficier d’une certification de performance globale du bâti, Alfonso Ponce estime qu’il faudrait que la certification Leed arrive à convaincre les différents acteurs en démontrant ce qu’elle a à apporter de plus que les démarches nationales en termes de lisibilité, de coût, d’adaptabilité et de réponse à des enjeux comme la performance énergétique…

Le label américain présente l’avantage d’offrir de nombreux outils d’aide tels que des catalogues de produits verts, checklists et applications informatiques permettant d’atteindre les niveaux de performance visés par la certification lorsque les labels français restent dans une logique performantielle.

Philosophie et approche différentes

Le déploiement de la certification ’Leed Homes’ sur le territoire français impliquerait qu’il y ait une demande des utilisateurs finaux et une volonté des acteurs pour des outils différents. les architectes et bureaux d’études devraient se familiariser avec un système dont la philosophie et l’approche sont différentes des pratiques locales et qui fait référence à des normes américaines. Leed demande de mesurer les surfaces en pieds (un pied équivaut à environ 30 centimètres) et d’estimer les consommations énergétiques en gallons de pétrole, quand la France parle en termes de mètres carrés et reste attachée à évaluer la consommation électrique. Autre différence : le label américain demande une étude de faisabilité et des rapports réalisés par des personnes qualifiées pouvant conseiller le bénéficiaire de la certification. Ce système fait qu’en termes de coûts intrinsèques à la certification, l’approche française semble plus coûteuse, ce qui n’est pas tout à fait exact si l’on tient compte des frais d’AMO (assistance à maîtrise d’ouvrage) d’après Alfonso Ponce.

Obstacles rencontrés dans le tertiaire

Le cabinet de conseil Deloitte a listé les barrières techniques et réglementaires rencontrées pour la certification Leed dans le tertiaire français telles que :

  • la familiarisation, lors de la conception d’un bâti, des bureaux d’études avec un système américain normatif et réglementaire qui traite aussi bien de la thermique (à conjuguer donc avec la RT en vigueur) que de l’éclairage ou encore la qualité de l’air intérieur,
  • l’obligation de débits à ne pas dépasser selon une pression utilisée par l’IPC (International plumbing code - code international de la plomberie) impactant l’équipement sanitaire,
  • le calcul des besoins en eau potable est fonction des débits des équipements ménagers et des taux d’occupation du bâtiment,
  • le calcul des besoins en eau des espaces verts qui s’appuie sur une méthode inconnue des paysagistes français. Elle utilise les coefficients de chaque composant de l’espace vert (taux d’évapotranspiration, type de végétation et son exposition au soleil, coefficient de performance du système d’irrigation),
  • l’obligation des fournisseurs à remettre des données telles que la teneur en COV (composés organiques volatiles). Or les fiches de déclaration environnementale et sanitaire utilisées en France indiquent non pas la teneur mais les émissions en COV.

Composition des produits

Certains thèmes abordés par le référentiel Leed ne représentent pas tous une préoccupation majeure à ce jour en Europe : peu de fournisseurs ont donc entamé les changements nécessaires de leur activité ou produit. L’urée-formaldéhyde est un exemple de composant pouvant causer des problèmes de santé et qui est encore utilisé dans la fabrication des bois agglomérés ou stratifiés par les fournisseurs européens. Egalement, les exigences Leed tiennent compte des fluides frigorigènes et de leurs impacts sur l’environnement en fonction du produit. Et pour finir, une différence du type de certification des forêts accepté par le référentiel Leed s’oppose aux accords passés généralement entre les fabricants et les fournisseurs européens.

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