Concurrence étrangère : la filière photovoltaïque française se rebiffe

Source : Le Moniteur 11/10/2012

Les premières briques nécessaires à l’essor d’une véritable filière nationale se mettent en place : un premier laboratoire d’essais vient d’être homologué pour la certification des modules, tandis qu’une nouvelle marque fait la promotion des modules « made in France ».

Preuve que, malgré ses vicissitudes, le photovoltaïque (PV) est une industrie d’avenir, la filière française se structure progressivement. Dernier évènement en ce sens, Certisolis, filiale du CSTB et du LNE (laboratoire national d’essais) créée en 2009, est devenue en septembre dernier le premier laboratoire français accrédité par le Cofrac (Comité français d’accréditation pour l’homologation des modules selon les normes NF EN 61215, NF EN IEC 61646 et NF EN IEC 61730-2. Jusqu’ici, Certisolis n’était habilité qu’à effectuer des essais (cycles thermiques, résistance mécanique, tenue au vent, etc.), à la demande des fabricants.

Désormais, ces derniers auront Certisolis à leur disposition pour l’obtention des normes de qualité. Ce qui est vu d’un bon oeil par les acteurs de la filière, à l’image de Jean-François Rousseau, directeur qualité d’EDF Energies nouvelles réparties, qui déplore « des certifications de complaisances » délivrées par d’obscurs bureaux de contrôle censées représenter des organismes certificateurs étrangers… A contrario, comme signalé dans le communiqué annonçant son accréditation, les rapports et les certificats de conformité délivrés par Certisolis seront reconnus dans plus de cent pays étrangers.

Des modules certifiés « Made in France »

L’existence au plan national d’un centre de certification habilité pourrait également servir l’émergence d’une offre de modules estampillés « Made in France ». Une possibilité remise à l’ordre du jour par la ministre de l’écologie Delphine Batho, à l’issue de la Conférence environnementale organisée en septembre dernier. La ministre a en effet évoqué la possibilité de bonifier le tarif d’achat de l’électricité produite par des systèmes PV dont certains composants seraient fabriqués en France. L’idée avait déjà fait son chemin, puisque selon Jean-Paul Villaumé, directeur technique de Certisolis, un arrêté en ce sens aurait été « ficelé au moment de la dernière élection présidentielle ». Reste à savoir si cet arrêté va servir de base au prochain texte entérinant la décision annoncée par Mme Batho ou définitivement finir aux oubliettes...

Piste aux étoiles

S’appuyant sur Certisolis, le Syndicat des énergies renouvelables (Ser) entend bien faire la promotion des produits fabriqués en France, à travers son Alliance Qualité Photovoltaïque (AQPV). Rassemblant pour l’heure sept fabricants hexagonaux (1), cette alliance créée en 2011 porte un label (qui n’a pas valeur de certification), visant à « mettre en avant la production française, c’est-à-dire l’assemblage des modules et/ou la production de cellules sur le territoire », explique Romain Poubeau, responsable de la filière photovoltaïque au sein du Ser. Et d’annoncer que les premiers modules labellisés AQPV ont été mis sur le marché en mai dernier. Ce label adopte le format d’une étiquette indiquant le classement du module, selon un barème allant d’une à quatre étoiles. Certisolis intervient en tant que tiers de confiance pour l’évaluation des performances du module briguant le label. Visant initialement les modules, le label AQPV sera étendu aux sociétés de services, maîtres d’œuvres d’installations de grande puissance en toiture à partir de novembre.

(1) Bosch Solar Energy, Ellifrance, Photowatt, Sillia, Solarezo, Tenesol, Tournaire Solaire Energie.

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