Pour alimenter le débat sur la transition énergétique qui devrait débuter à la mi-novembre, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) vient de terminer un rapport de prospective énergétique, dont a eu connaissance lemoniteur.fr.
Pour son étude, l’Ademe, qui a mobilisé ses services techniques et économiques durant l’année 2012, s’est basée sur le scénario « fécondité haute » de l’INSEE à savoir 68 531 000 habitants en 2030 contre 62 881 000 aujourd’hui. L’hypothèse de décroissance du nombre de personnes par ménage de l’INSEE est également retenue (2,17 personnes par ménage en 2030 contre 2,31 aujourd’hui).
Selon l’agence, le rythme de construction neuve serait de 350 000 logements par an, en moyenne, sur la période 2010-2030 contre 310 000 par an aujourd’hui. Durant cette période, l’étude prédit également l’équilibre entre constructions de maisons et celles de logements collectifs, alors qu’aujourd’hui la répartition s’établit, dans le neuf, entre 58% de maisons individuelles et 42% de logements collectifs.
Un scénario qui semble imposer une obligation de rénovation
L’Ademe considère que 500 000 logements, en moyenne, seront thermiquement rénovés chaque année d’ici 2030. A cette date, tout le parc de logement social construit avant 1990 serait alors rénové ainsi que 5 millions de maisons (pour plus de la moitié, construites avant 1975), soit plus de 70 % des maisons individuelles.
Le rythme retenu par l’agence est inférieur à celui avancé par le gouvernement lors de la conférence environnementale de septembre, à savoir 600 000 rénovations annuelles. Or, aujourd’hui, selon la FFB ce sont seulement 130 000 logements qui devraient être énergétiquement réhabilités en 2012. Pour rappel, les textes de loi issus du Grenelle de l’environnement fixent eux, pour cette année, l’objectif de 400 000 logements mis aux normes.
L’Ademe n’explicite pas les moyens à mettre en œuvre pour atteindre le rythme de rénovation qu’elle retient et ne se prononce pas, pour y parvenir, sur une obligation de rénovation. Certains acteurs estiment que, pour maintenir la cadence soutenue de 500 000 rénovations annuelles, les simples mesures incitatives ne suffiront pas. Par exemple, dans une étude publiée cet été, Olivier Sidler, à la tête du bureau d’étude Enertech, déclare qu"’il n’est pas possible de compter uniquement sur la bonne volonté des Français" et indique qu’en Allemagne, où les aides à la rénovation sont relativement importantes mais où il n’existe aucune obligation, on ne rénove annuellement (à basse consommation) que 1% du parc et qu’il faudra donc 100 ans pour tout rénover.
Le rapport de l’Ademe ne précise pas non plus de niveau de performances à atteindre en rénovation. Or, sans imposer d’exigences minimum, ne risque-t-on pas de se retrouver avec des rénovations qui engendrent de faibles réductions de consommations énergétiques ? Le potentiel de réduction de consommations qu’offre la rénovation serait alors "gaspillé".
PAC dans 1 logement sur 5 en 2030
Au niveau des équipements, l’Ademe envisage qu’en 2030, les pompes à chaleur, notamment aérothermiques réversibles, équiperont 20 % du parc total de logements. « Le fort taux de pénétration de cet équipement est lié à la poursuite de la demande tendancielle en climatisation dans certaines régions », explique le rapport.
Les PAC devraient également se retrouver dans les systèmes de production d’eau chaude sanitaire. Les cumulus (chauffe-eau à effet joule) seront, selon l’Ademe, progressivement remplacés par des chauffe-eau thermodynamiques (fonctionnant avec une PAC) et, dans une moindre mesure par des chauffe-eau solaires individuels (CESI). « Sans évolution majeure de la filière (coûts, performances) en France, aujourd’hui non prévisible, les CESI se diffuseront lentement dans le parc, leur taux de pénétration a été évalué à 10 % des Logements en 2030 », note le rapport.
Concernant les consommations dites électrodomestiques (informatique, télé, réfrigérateur, ...), l’Ademe considère que « le progrès technique combiné à la multiplication des usages permet au mieux de tabler sur une stabilité de ce poste de consommation ».
Au final, en associant toutes ses hypothèses, l’Ademe prédit que la consommation énergétique du parc résidentiel français passera de près de 47 mégatonnes d’équivalent pétrole (Mtep) en 2010, à moins de 33 Mtep en 2030.