Vers une démocratisation de l’analyse du cycle de vie dans la construction

Source : Le Moniteur 14/11/2012

Aujourd’hui, rares sont les projets de construction dont le cycle de vie a été analysé. Demain, avec des outils simplifiés et une base de données renforcée, l’estimation de la consommation énergétique globale du bâtiment pourrait se démocratiser.

« On hésitait entre une solution avec plancher chauffant et ventilation double flux et, une basée uniquement sur la ventilation double flux. Intuitivement, la deuxième option, où la ventilation double flux assure également le chauffage, nous apparaissait la meilleure. Mais l’analyse du cycle de vie nous a prouvé le contraire », relate Jean-Marie Gaide de l’agence d’architecture lyonnaise Teckhnê.
En effet, dimensionnées plus grandes dans le second cas, les centrales de traitement d’air, de par l’électricité nécessaire à leur fonctionnement et leur fabrication en acier inoxydable, induisent une quantité d’énergie primaire importante.

Cet exemple, rapporté mercredi 14 novembre, lors du lancement d’une communauté francilienne d’expérimentation sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), illustre l’intérêt de regarder la consommation globale, de la fabrication des matériaux à la fin de vie du bâtiment, et l’importance de ne pas se contenter de l’estimation des factures énergétiques à venir. En fédérant une communauté d’acteurs du bâtiment impliqués sur le sujet, la direction régionale Ile-de-France de l’Ademe souhaite donc propager l’ACV dans le monde de la construction. Si dans l’automobile, on recourt systématiquement à l’analyse du cycle de vie, dans le monde du bâtiment, c’est loin d’être le cas.

Simplifier les outils

En 2011, le projet de recherche Coimba (Connaissance de l’impact environnemental des bâtiments), financé par l’Agence nationale de la recherche, a recensé 17 logiciels de calcul d’ACV dans la construction. Mais, ces derniers sont complexes et donc utilisés sur peu de projets. Prochainement, une nouvelle génération d’outils, plus abordables, devrait voir le jour.

La version deux du logiciel Elodie, édité par le Cstb, sortira début 2013. Ingénieur au sein du Pôle de compétence construction durable de Bouygues construction, Nicolas Dhoye l’a déjà testé. « Pour un projet qui prenait une semaine à renseigner avec la première version, on passe à une demi-journée », explique-t-il.

Afin de jouer son rôle d’outil d’aide à la décision, l’ACV doit pouvoir être réalisée le plus en amont possible d’un projet de construction. C’est pourquoi, la région Bourgogne et le bureau d’études spécialisé en ACV Cycleco développent actuellement une interface d’écoconception qui guidera les architectes dès l’esquisse du projet.

« Moraliser » Inies

Pour fonctionner, les programmes d’ACV se nourrissent d’informations sur les produits. En France, la base de données Inies est alimentée par les fiches de déclarations environnementales et sanitaires (Fdes), renseignées par les fabricants. La nouvelle norme européenne, EN 15805, qui devrait être traduite en droit français dans le courant du premier trimestre 2013, introduit la vérification par une tierce partie des informations délivrées. Ce contrôle externe va « moraliser » Inies, juge Cédric Borel, président de l’Institut français pour la performance énergétique du bâtiment.

Néanmoins, une base de données vérifiée et des outils simplifiés ne suffiront pas à démocratiser l’ACV. Comme pour le coût global, « aujourd’hui facilement calculable mais peu utilisée » remarque Cédric Borel, la propagation de l’ACV requiert une évolution des mentalités. Apprendre aux promoteurs à regarder plus loin que la livraison ne sera pas chose facile.

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